
Concerts de Montbenon
saison 2024 - 2025
piano magique
Mercredi 26 février 2025, 20h

Béatrice Berrut, piano
programme
Dukas - Berrut L’ Apprenti Sorcier
Ravel Jeux d’Eau
Tchaïkowsky - Pabst Paraphrase sur la Belle au Bois Dormant
Mahler - Berrut Adagietto
Saint-Saëns - Liszt Danse Macabre
Berrut Untold Tales
Strawinsky - Agosti L’Oiseau de Feu
Beatrice Berrut
La pianiste et compositrice suisse Beatrice Berrut est née à Genève de parents valaisans. Elle se rattache à la tradition de l’école russe de piano de Heinrich Neuhaus, s’étant formée auprès de Galina Iwanzowa à Berlin, d’Esther Yellin à Zurich et de Brigitte Engerer à Paris. Elle a aussi été grandement influencée dans son développement artistique par ses rencontres avec Menahem Pressler, Leon Fleisher, Miriam Fried et György Sándor, proche de Béla Bartók.
Beatrice Berrut a été qualifiée d'"artiste qui se révèle calmement dans de multiples couches de génie et de beauté" (Irish Times) et de "remarquable musicienne dans toutes les catégories, qui a donné des interprétations électrisantes des œuvres de Chopin et de Bach" (Cleveland Plain Dealer). S’inspirant de la parole de Mahler "la tradition n'est pas l'adoration des cendres, mais la préservation du feu", elle est une musicienne audacieuse qui a écrit sur l'œuvre majeure d'Arnold Schoenberg, La Nuit Transfigurée, une paraphrase saluée par le fils du compositeur, et jouée en 1922 aux Concerts de Montbenon. Son travail dynamique en tant que soliste, compositrice, arrangeuse et directrice artistique du festival qu’elle a fondé en Suisse, "Les Ondes", l'a positionnée comme une visionnaire eculturelle sur la scène artistique européenne. Ses aventures l’ont menée en tant que soliste sur de grandes scènes européennes avec des orchestres tels que l'English Chamber Orchestra pour une tournée Mozart s'arrêtant - entre autres - au Cadogan Hall de Londres et au Victoria Hall à Genève, ou à donner des récitals présentant ses transcriptions des symphonies de Mahler dans des salles telles que le Wiener Konzerthaus ou le Wigmore Hall de Londres. Son art de transformer l'orchestre titanesque de Mahler en partitions pianistiques riches et luxuriantes est très apprécié par ses pairs ainsi que par la presse, comme en témoignent ces lignes du journal Le Monde : "son traitement des symphonies de Gustav Mahler consiste à transformer l'or solide de l'orchestre en or liquide du piano". Ses enregistrements s'inspirent des héritages de la spiritualité et du mysticisme européens, et explorent le vaste paysage de la musique de compositeurs tels que Bach et Liszt . Sa discographie primée et sa nouvelle collaboration avec le label français La Dolce Volta ont une forte présence médiatique et lui permettent d’être invitéeà se produire dans des émissions de télévision telles que le journal télévisé de la Deutsche Welle, l'émission culturelle de TV 5 Monde, les Victoires de la Musique de France 3, la RTS, Classic FM ou ARTE. Convaincue qu'il n'y a que de la bonne et de la mauvaise musique, Beatrice est à l'aise dans des genres variés de composition et a été chargée d'écrire des œuvres pour des séries de musique classique autant que pour des films. Sa musique s'enracine dans la tradition européenne - avec une touche particulière de Ravel et de couleurs proches de Scriabine pour leur virtuosité diabolique - et se mêle aux influences éthérées du minimalisme américain et à la rhétorique héroïque de la musique de film. Sa créativité l'a également amenée à remodeler des chansons de MUSE et de classique de Walt Disney pour les faire sonner comme des pièces virtuoses pour piano de compositeurs romantiques tels que Rachmaninov, Chopin ou Liszt. Comme l'aurait dit Mark Twain : "Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait !". À la fois iconoclaste et ardente défenseuse de la tradition classique, la volonté de Beatrice de démocratiser la musique classique et de dépasser les frontières entre les genres l'a menée à créer son propre festival, où les concerts de musique classique traditionnelle côtoient le klezmer, le jazz ou le flamenco. Elle aime également collaborer avec des artistes éclectiques tels que le champion du monde de patinage sur glace Stéphane Lambiel pour un prochain spectacle sur le thème de la magie qui explorera le parcours initiatique d'un enfant, ou avec la compagnie de danse contemporaine "Cocoon Dance" basée à Bonn pour une performance autour du Trio Geister de Beethoven lors de la Beethovenfest. Elle a été choisie par l’Observatoire de l’Université de Genève et l'Agence spatiale européenne (ESA) pour jouer son propre personnage dans un court-métrage présentant la mission GAIA, où des parallèles sont établis entre les tâches d'une pianiste et celles d'un astrophysicien. Beatrice Berrut est artiste Bösendorfer depuis 2013.
Orchestre & solistes
Vendredi 16 mai 2025, 19h



Orchestre Musique des Lumières
Joanna Goranko, piano (premier prix du CIML 2024)
Joel Alegret,violon | Dana Zemtsov, alto
Facundo Agudin, direction
programme
Mozart Ouverture Le Nozze di Figaro
Sinfonia Concertante en Mi bémol KV 364
Beethoven Concerto pour piano No 1
Scartazzini Incantesimo
pour orchestre de chambre
quatuor à cordes
Jeudi 5 décembre 2024, 20h


Quatuor Psophos (Lyon)
Pascal Godart, piano
programme
Haydn Quatuor Op. 54 No 2
Mozart Quatuor avec piano K. 493
Franck Quintette pour piano et cordes
Le fameux Quatuor Psophos vient jouer aux Concerts de Montbenon en compagnie du pianiste français Pascal Godart: Quatuors de Haydn, Mozart, et le grand Quintette de César Franck, une soirée qui s’annonce magnifique, à ne pas manquer.
trio piano & cordes
Mercredi 26 mars 2025, 20h



Brigitte Meyer, piano
Egidius Streiff, violon
Sébastien Singer, violoncelle
programme
Mendelssohn Trio No 1 Op 49
Valentin Silvestrov Fugitive Visions of Mozart
Beethoven Trio Op. 97 L’Archiduc
Considérée comme spécialiste incontestée de l’œuvre de Beethoven, Mendelssohn et Schubert, la pianiste Brigitte Meyer sera de retour en mars pour une soirée de musique de chambre. Accompagnée du violoniste Egidius Streiff et du violoncelliste Sébastien Singer, la grande Dame du piano donnera le trio « à l’Archiduc » de Beethoven, les Fugitive Visions of Mozart de Silvestrov et le trio en ré mineur de Mendelssohn. Un rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte !
L’Archiduc auquel le trio du même nom est dédié n’est autre que Rodolphe, le plus jeune frère de l’Empereur d’Autriche, un pianiste plus que passable et l’un des élèves à qui Beethoven enseignait la composition. Si, inévitablement, les relations entre le compositeur et son élève-mécène royal étaient parfois tendues, les deux hommes parvinrent pourtant à maintenir une amitié pleine de chaleur. Beethoven récompensa la générosité et la dévotion de Rodolphe en lui dédiant une succession d’œuvres parmi lesquelles le Triple Concerto, les 4ème et 5ème concertos pour piano, trois sonates pour piano et bien d’autres. Une liste qui fait sûrement de Rodolphe d’Autriche un des dédicataires les plus richement nantis de l’histoire de la musique.
C’est durant l’été 1810, alors qu’il prenait les eaux à Baden bei Wien que Beethoven commença à esquisser le Trio « à l’Archiduc ». Fidèle à son habitude, il s’était également engagé dans la composition d’une autre page : le Quatuor à cordes op. 95, violemment condensé, emporté. Ce n’est qu’en mars de l’année suivante qu’il revint au Trio pour y mettre un point final, le 26. Il pourrait l’avoir révisé ultérieurement, avant la première audition donnée par Beethoven lui-même (une des dernières fois qu’il joua en public), le violoniste Ignaz Schuppanzigh et le violoncelliste Josef Linke le 11 avril 1814.
Silvestrov est né en Union soviétique en 1937, pendant la Grande Terreur de Staline ; s'il vit toujours à Kiev, l'Occident l'a découvert ces dernières années. Composées pour le Gryphon Trio (invité de la SocMus il y a de cela quelques années), les Fugitive Visions of Mozart laissent en effet apparaître le fantôme de Mozart dans des citations qui semblent provenir de simples sonates pour piano du XVIIIe siècle. Mais ces phrases émergent d'un brouillard musical, s'interrompent brusquement et se dissolvent en glissant souvent vers des tonalités de plus en plus graves. Une métaphore du déclin d'une civilisation trop avancée pour s'en rendre compte ?
Dès sa composition en 1839, le Trio avec piano en ré mineur op 49 remporta du succès. Et Schumann d’écrire : « C’est le trio suprême de notre époque, comme ceux en si bémol majeur et en ré majeur de Beethoven et comme celui en mi bémol majeur de Schubert furent souverains en leur temps. C’est une composition extrêmement belle, qui réjouira nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants pendant de longues années encore. » Une fois son trio terminé, Mendelssohn le montra au compositeur Ferdinand Hiller, installé avec lui à Leipzig, qui fut très impressionné, mais émit un petit doute. « Certains passages de pianoforte, bâtis sur des accords arpégés, me parurent – pour être franc – quelque peu surannés. » Ami de longue date de Liszt et de Chopin, Hiller était « profondément accoutumé à la richesse de passages qui marquait la nouvelle école de pianoforte ». Suite à ces suggestions, Mendelssohn récrivit entièrement la partie de piano, dans un style moins conventionnel – et assurément bien plus ardu à jouer…
cocteau & poulenc
Mercredi 29 janvier 2025, 20h



Hélène Walter, soprano
Virginie Falquet, piano
Anne-Cécile Moser, mise en scène
programme
Francis Poulenc
les Chemins de l'Amour
la Reine de Cœur
Improvisation n.15
Jean Cocteau et Francis Poulenc
La Voix humaine
La chanteuse lausannoise Hélène Walter présente La Voix humaine, célèbre monologue de Jean Cocteau mis en musique par Francis Poulenc en 1958, fin janvier aux Concerts de Montbenon, en compagnie de la pianiste Virginie Falquet et dans une mise en scène d’Anne-Cécile Moser.
Œuvre singulière sous-titrée « tragédie lyrique », La Voix humaine fut créée deux ans après les Dialogues des Carmélites. Francis Poulenc composa ce monologue lyrique pour Denise Duval, son interprète favorite, qui créa le rôle dans une mise en scène et un décor de Jean Cocteau, auteur du livret.
Une femme jeune et élégante dans sa chambre en désordre répond à l’appel téléphonique de son amant qui s’apprête à la quitter. Au cours de cette ultime conversation, elle tente de le reconquérir passant de la tendresse à la passion, de la menace de tentative de suicide au calme, des regrets aux accès de violence.
Mettre en musique le monodrame de son ami Cocteau dans lequel le téléphone devenait le protagoniste d’un drame sentimental, constituait pour le compositeur un extraordinaire tour de force. Comment réussir à maintenir l’intérêt durant ce long monologue d’une femme délaissée par son amant qu’elle essaie de reconquérir dans une conversation téléphonique perturbée par des incidents techniques ? Seul Arnold Schönberg avait tenté une expérience comparable en 1924 avec son monodrame Erwartung, autre monologue d’une femme à la recherche de son amant. Quelles nouvelles solutions musicales apporter à ce morcellement inédit de la plainte amoureuse adressée à un interlocuteur invisible, à cette mise à nu de la passion à travers le chant ? Sur les 780 mesures que compte la partition, 186 sont écrites pour la voix seule. Poulenc a voulu donner au chant la liberté du discours parlé, privilégiant une orchestration transparente qui laisse la voix à découvert. La courbe mélodique épouse toutes les émotions qui déchirent l’héroïne, amour, haine, désespoir brutal, regrets. L’ambiguïté tonale permet de traduire le déséquilibre né de cette « douleur inscrite dans les fibres de l’œuvre » dont parlait Denise Duval, créatrice du rôle. La partition amplifie l’intensité dramatique dévolue au chant et assure une unité émotionnelle avec l’utilisation de motifs récurrents. Elle assure ainsi le rôle de l’amant absent en suggérant la teneur de ses réponses qui ponctuent le récitatif tourmenté de l’héroïne. Le compositeur indique que « l’œuvre doit baigner dans la plus grande sensualité». On comprend aisément que sa réussite repose sur la diction et l’engagement émotionnel de la chanteuse qui « doit avoir souffert de l’attente vaine, pour jouer cette œuvre de détresse vécue » (Denise Duval).
Hélène Walter incarne de manière nouvelle et saisissante l’héroïne de La Voix humaine. Elle réalise aujourd’hui une brillante carrière internationale, se produisant sur les scènes du Müpa de Budapest, du Palau de la musica de Barcelone, du Concertgebouw d'Amsterdam et du Musikverein de Vienne. De Mozart, elle a incarné les rôles de Pamina (Die Zauberflöte), Sandrina (La finta giardiniera), la Comtesse (Le Nozze di Figaro). Citons aussi Cleopatra (Giulio Cesare, Haendel), Manon (Massenet).
Artiste éclectique, active aussi bien sur les scènes d'opéra que dans les salles de concert, on la retrouve chez Bach dans la Messe en si, les Passions, et en décembe dernier, l’Oratorio de Noël au Musikverein de Vienne. Elle a aussi chanté aux côtés des Musiciens du Louvre, de la Wiener Akademie, de l’Ensemble Pygmalion et dans la 4e Symphoniede Mahler avec le Kammerorchester de Bâle. Elle chante le Pierrot lunairede Schönberg aux côtés de l'EOC et Bruno Mantovani en 2022, et La Voix humaine qu'elle a déjà présentée à Zürich, Davos et à Schaffhouse.